J'ai fais un saut. Je fixais mes pieds, en marchant. Je m'efforce de ne pas me mettre à balancer mon sac. J'amène Gabriel à l'école. Sa mère, comme pour faire preuve qu'elle n'a pas plus de tête que la mienne, ne l'avait même pas inscrit. Après une semaine il lui a fait une scène pour aller voir du monde. Je mangeais ma sandwich sur le balcon dehors, j'peux pas faire croire que j'ai rien entendu.
-«Tu me montreras les locaux?»
-«Oui..»
-«Merci, t'es cool!»
-«Euh, merci...» Les mots résonnent dans ma tête. t'es cool....t'es cool... J'aime. J'y croirais presque.
Nous nous rendons prendre le papier qui dévoile l'horaire à Gabriel. Il râle plusieurs fois sur le temps que ça prend. Il tient pas en place. Il le reçoit enfin.
-«Bon super, des maths! Cauchemarder, ça ne me dit rien pour tout de suite.»
Il pose le regard sur moi, j'ai l'air mort je crois. Il ne s'en fait pas trop, il poursuit son idée.
-«Maintenant ou jamais pour moi c'est pareil...»
****Maintenant ou jamais....Ça sonne vraiment bien...Pour moi, c'est pareil... C'est à mon tour d'être pareil. Je suis pareil à ce qu'il pense. Et là, je m'emmerde à m'emmerder...
«HEY bin! Cricket l'insecte qui s'est trouvé un NNNaaami. Man! Déguerpis, tu vas te choper la gale!» Je ferme les yeux. Ces mots viennent de fermer le contrat, c'est à partir de cette minute précise que Gabriel cesse de m'adresser la parole. Ces mots viennent lui dire qui je suis à l'école. C'est finit pour Andy, Cricket entre en scène. Dommage. J'aimais Andy....
Quand j'ouvre le yeux, Gabriel n'est plus devant moi. Pire, il court vers Alexandre Lemay. Il court vite, très très vite.
Je l'ai souvent rêver et j'avoue que ce que je vois me donne une érection. Je suis trop ébahie pour la cacher. Ce jour, est le plus beau de ma vie. C'est soudainement comme au ralenti, je m'entend respirer, mes poumons gonflés font un bruit immense. Devant moi, a 30 mètres, Gabriel sur Alexandre qui descend les poings sur lui. Il ne s'arrête plus. Je sors de ma transe et me met à courir moi aussi.
-«Gabriel, arrête il va mourir!» À voir la tête d'Alexandre je crois ce que je viens de dire. Gabriel s'arrête enfin.
«Bon, il va se taire la prochaine fois.»
**********
Ça y est, c'est trop bien ce que je pensais. Gabriel est entrain de faire affaire avec un mec très louche. Une autre grenouille qui va s'exploser les poumons et du même coup les cellules. Belle aubaine! Bravo Gabriel! Amateur de chiasse d'hamster. Ça me déçoit. Gabriel Furie va fumer comme un con, exactement à la même manière que ceux que je méprise. Je prend une décision qui m'arrache une trippe, car à ce jour Gabriel était mon seul social, je pars sans lui.
«Andy !!? Tu m'attend pas ?»
Oui. Je suis surpris. Même content. J'attend qu'il me rejoigne.
-«Andy, tu vas pas bien?»
-«J'préfère ne rien dire Gabriel.»
J'aurais peut-être même envie de me mettre à hurler, m'époumonner et ensuite, bêtement, tapper sur le mur de brique que peut devenir Gabriel en colère. Il se met à parler avant que je ne fasse quoique ce soit.
«...Là-bas, j'avais un ami. Il s'appelle Nicolas mon chum, c'est LeFou qu'on lui dit. C'est son nom parce qu'il fait des toiles qui font peur. C'te gars là est pas mal cool t'sais.» *** Cool...***«Quand tu lui regardes les yeux au Fou tu vois toute l'amertume du monde dans une cage. J'ai revu ce regard seulement une autre fois dans toute ma vie il n'y a pas un mois encore. Je l'ai vu dans ton visage Andy, le jour où je suis monté chez toi avec mon sleepin' bag. Et je me suis senti moins seul. Je vois LeFou sur toi, je te vois Andy et tu sais quoi? ça me fait chier!!»
-«J'suis dégouté Gab. Bientôt les gens se masseront autour de toi et quémanderont ton attention. Et pis tu te mettras à sortir avec des filles qui ont un gout de crottes de hamster...»
Je gesticule comme un malade, je crie presque. Gabriel me regarde l'air de se retenir de rire. Je bave ?
-«crottes de hamster ?»
-Oui...Martin met de la shit dans son haschich...
-Tu fumes ?
Il est fouetté. Je le rassure.
-«Non, j'écoute les gens parler. Je suis une ombre.»
Il sourit. C'est drôle, il paraît bizarre.
-«Un jour, tu essairas si tu veux..»
-«...»
-«Au fait! On a un party en fin de semaine!»
-T'as?
-ON, t'es invité Andy !
-«Euh...»
-«Écoutes-moi bien. J'ai des petites nouvelles pour toi. De tous les cons de cette école, t'es le seul qui ne porte pas le titre. Fais-moi confiance Andy...Moi, j't'appelerai jamais Cricket...»
Je le crois. Je ne devrais peut-être pas, mais je le fais.
Andy, j'aime bien...
«J'aurais quelqu'un à te présenter, elle est, heum... très cool.»
******
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