Le trois quart du camion est vidée et et je viens de savoir son nom. Gabriel. CE gars, il n'a pas l'air d'écouter souvent les gens. Du peu que j'ai vu, il parait déçu de ce qu'on a pu lui offrir.
Les deux femmes s'empifrent, Gabriel botte et lance des roches et moi, je force. Je m'épuise à courir pour une espèce d'aigreur au regard. Jacques. Plus il force plus son pantalon baisse. Ça dévoile sa raie, c'est une histoire noble de derrière dans toute sa splendeur. Le temps s'égraine à la vitesse dont les chutes Niagara recule. J'a-g-o-n-i-s-e.
Gabriel me gêne. Avec ma casquette bleue et verte de la quincaillerie du coin et mes coton ouaté coupés et lui qui porte des marques de vetements dispendieux, je sens bien l'écart qui nous séparera bientôt.
-«Gabriel, j'te présente André-Hugues! André-Hugues, mon gars, Gabriel ! Et pis si un jour, t'as besoin de quoique ce soit, gênes-toi pas mon homme, descends chez nous!» Ça y est la motte parle. Je suffoque un peu, je regarde Gabriel les yeux plissés. J'attend.
-«Salut Andy» Bien ça alors...
-«Euh...euh...Salut...Gabriel...»
-Merci de ne pas avoir du «Gaby».
Je fais un mouvement de bras.
*******
«Bonjour, entre Chéri.»
-Allo...
Elle sourit, elle vient tout juste d'arriver, on peut facilement le deviner.
-«J'arrive à peine! J'vais aller prendre une douche, j'en connait une qui va aimer ça!»
-Euh....oui.
-Tiens, si t'as faim, soif, gênes-toi pas. Y'a la télé aussi !
-Euh...
Ça fait tellement de bien être ailleurs que chez moi. Je m'assois, encore étourdi, gêné. On est bien sur ce véritable divan. C'est contraire à chez nous. Définitivement. C'est calme à ça sent bon. Elle refait surface. J'ai eu le temps de me perdre dans l'émission à débats-poches sur l'échangisme.
On bavarde de tout et de rien. Elle m'écoute, je lui rend bien la chose.
Elle se promène longuement le soir pour survivre aux bêtes. Elle a eu auparavant un homme dans sa vie. Il était dans la dope, je ne sais pas pourquoi, mais un jour on l'a flingué. Il devait de l'argent. Marianna a eu la vie sauve, en échange d'une reprise de dette. Là, elle doit payer au boss. Le loyer est pas donné...
C'est un monde que je ne connais pas. Quand je lui dis, elle me serre dans ses bras. J'ai envie de lui dire tout le temps que je suis minable, pour qu'elle le refasse, toujours.
Ce soir, elle me fait frissonner du cou aux oreilles quand elle dépose sa tête sur mon épaule, comme un papillon gentil et dit:
-«Une chance que j'.te connais.»
J'ai eu envie de pleurer.
*****
Trois heures du matin. Pas de Lise-Anne. Boff. Pour faire changement, ça me plait. En boxer, devant la télé, je mange les biscuits que Marianna m'a préparé. Ça goûte le paradis. Je me détend drôlement bien. Le sommeil me gagne petit à petit.
-«AAAAAAAAAHHHHHHHHHHhhhhhhhhhhh!» Un cri de mort s'échappe de ma bouche. La sonnette s'est fait entendre.
Deuxième surprise, c'est Gabriel devant la porte. Il a l'air sérieusement emmerdé. Son oreiller, son sac de couchage en main, il me fait un regard de biais comme pour demander s'il peut entrer.
-«Ma mère et la tienne s'amusent fort puis elles m'ont mise à la porte.»
-Entres.
Il s'avance pour se planter dans le portique. Il a l'air somnanbule.
-Euh....Si tu veux ma chambre...
-J'm'endors plus.
-Okay.
-J'ai un film, on le met-tu?
-Okay.
J'offre des biscuits fait par Marianna. Il le prend, automate. Tout à coup, il se retourne vers moi.
Il a les yeux de Jack l'éventreur la première fois où il a tué. Un surprenant flot de frustration sort de sa bouche. Ça bloque mon pouvoir de mastiquation. L'idée me prend de faire la même chose quand il aura finit.
Et puis non, communiquer, c'est s'ouvrir. On est pas rendu là.
De toute manière...
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