dimanche 25 mars 2007

Cricket et son Ombre

Je répond finalement;
-«Oui monsieur ?» Ça lui donne le signal pour s'avancer près de moi. Il remonte son pantalon. J'hésite un instant entre l'idée de prendre la fuite et celle de rester. J'ai le cerveau qui me dit que ça se pourrait bien qu'il les baisse tout à coup.
«J'vais r'cevoir betôt du nouveau monde. 'Aimerait ça qu'tu aides au déménagement pis à peintur' que faut que j'donnes.»
En plus d'avoir un gros derrière cet homme parle comme s'il s'était battu la veille. Je scrute toujours le fond de sa bouche quand il me parle, à l'affût d'un dentier rebel qui tente l'évasion ou d'une gencive édenté. Le truc drôle, c'est que je ne vois jamais sa bouche. Il doit avoir trois langues.
«D'accord monsieur, je vous aiderai.» Maintenant je sais que je suis parfaitement emmerdé.
Ma mère n'est pas rentrer. Autant tout dire, ma mère ne rentre jamais. Je crois qu'elle a eu son emploi en se montrant particulièrement agile de la bouche sur la queue de son patron. Oui, c'est vulgaire. Mais, jurer, ma mère l'est aussi.N'empêche, maintenant elle a un emploi. C'est une chance de passer un tas d'heure dans un endroit clos, sans fenêtre, trop chaud l'été et pas asser l'hiver. Faut pas être ingrât, c'est comme ça qu'elle assure mon estomac et mon piètre habillement. Le monde est bon...
Je devrais prévoir le souper, je suppose. Je fais mon somnanbulisme éveillé, je traînasse dans l'appartement.
-«Euh, Maman, j'suis au toilette là.» Elle vient de faire irruption. Elle n'a aucune compassion pour mon besoin d'intimité.
-«Cricket, j'suis ta mère.»
Ma mère, j'suis son fils...J'aimerais presque lui voir l'air si je faisais ça, en entrant dans sa chambre un soir où une conquête s'y trouve. «Lise-Anne, j'suis ton fils.» Ça colle pas. Je ne suis pas apte à énoncé nos relations biologiques.
Elle se maquille avec une minutie comme si son visage valait le double de la piaule de Nicolas Cage. Elle sacre. Elle quitte enfin la salle de bain. J'entend même la porte d'entrer de l'appartement claquée. Je suis assis sur mon trône et je me trouble. Je me sens nul, je ne sais pas où elle va, ni à quelle heure elle reviendra.
Que vais-je faire ce soir ?
***
Avec toutes ces femmes qui trainent dans les rues à la recherche d'une bien piêtre sécurité. J'aime passer un groupe de putes.Elles sont bizarres, et défigurées elle aussi. Elles me crient des obscénités et me font croire asser virile pour être moyennement satisfaisant. Il y en a une, plus cokée que les autres qui s'approche de moi juste là. J'suis pas bien. On croirait qu'elle m'en veut. C'est peut-être une liseuse de pensées. Je veux fuir, mais n'y arrive pas. Je me serre tout contre moi et tente de pratiquer la marche rapide. J'ai l'air d'un pinguoin, ça avive l'énergie démoniaque de la pute.
J'ai mal à la tête.Très. Beaucoup. Je vois le lampadair par en-dessous. Mon coude se souvient d'avoir protéger le reste de mon corps. Il est cassé vous croyez ?
-«Hey, tit-gars, tu saignes d'la tête.»
Ça y est, je meure...

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